Stratégie
Quelle attitude adopter face à une situation d’agression
Cela peut arriver à tout le monde, personne n’est à l’abri d’une de ces agressions. On peut en vouloir à vos biens personnels, à vos proches, et vos agresseurs se trouveront mille autres raisons. Les motifs, ils ne manquent jamais aux petites frappes qui hantent les quartiers difficiles et bien souvent c’est le simple plaisir de se battre, de vous battre qui les incite. Le vol, le sexe, la drogue, le jeu, parce que parfois vos agresseurs considèrent cela comme un jeu, tout peut être une raison de s’en prendre à votre intégrité physique. Ainsi chacun d’entre nous peut être confronté un jour à l’une de ces éventualités. A l’évidence votre attitude, votre perception et votre évaluation du risque sont les premiers éléments qui peuvent vous aider à gérer une telle situation.
Il n’est pas toujours nécessaire d’en arriver à l’affrontement, cela devrait être la dernière extrémité (bien que malheureusement ce soit le dénouement le plus fréquent). C’est pourquoi, il est essentiel de savoir immédiatement apprécier la situation, évaluer le danger et adapter sa réaction.
Affirmer qu’il existe une réponse spécifique à chaque type d’agression démontrerait une inexpérience flagrante et une méconnaissance totale de la confrontation entre deux individus.
Il est vrai qu’une attaque soudaine est imprévue ne peut être gérée qu’après un certain nombre de mois voire d’années de pratique régulière. Ici seuls des automatismes bien ancrés peuvent vous tirer de ce mauvais pas. Mais quand une agression est prévisible, quand tous les signes d’une attaque imminente sont réunis, quand les nerfs sont à fleur de peau et que l’envie d’en découdre est à son comble la stratégie reste essentielle.
Dans ce genre de situation le but n’est pas d’aller au devant de la confrontation qui comporte toujours son lot d’incertitudes mais de se préserver, de sauvegarder son intégrité physique. Il serait tout à fait illusoire de penser que le fait d’affirmer sa force, de faire preuve de sa puissance et de sa maîtrise du combat puisse enlever toute velléité à votre agresseur, neuf fois sur dix cela produit l’effet contraire.
Rappelons-nous que la plupart des techniques de Karaté et du Wushu sont issues de l’observation des combats d’animaux. Observons par exemple deux chiens mâles prêts à s’affronter : les mouvements et déplacements sont très lents, ils se tournent doucement l’un autour de l’autre sans aucun comportement agressif visible, ils se jaugent et se jugent et souvent cela en reste là. Mais la moindre attitude dominante ou un mouvement brusque déclenche le combat qui lui ne s’arrête qu’avec la soumission de l’autre.
La comparaison n’est bien sûr pas évidente car l’homme peut avoir un comportement beaucoup plus « bestial » que les animaux et souvent la soumission ne suffit pas à mettre fin à la violence.
N’oubliez jamais que dans une agression cela ne marche pas comme dans les films ou dans les démonstrations, leur folklore ne doit pas vous abuser. Votre attitude est primordiale. Votre comportement ne doit en rien trahir votre calme intérieur et votre maîtrise du combat tous deux indispensables. Une attitude trop déterminée, une assurance trop marquée peut avoir l’effet contraire de celui escompté et déclencher l’attaque surtout lorsque l’agresseur est expérimenté et déterminé. Aussi, si la technique est essentielle, un peu de psychologie, de tactique peut parfois vous éviter le pire.
Lorsque la situation est critique, faisons comme ces animaux et soyons mesurés dans nos gestes et dans nos paroles pour ne pas précipiter les choses. Vous êtes, je l’espère, tous convaincus que cette situation n’est en rien de comparable à celles que l’on trouve dans les films où le héros, spécialiste en Arts Martiaux, possède une telle force mentale que la seule puissance de son regard met parfois fin au combat.
A propos de ce regard, une petite remarque qui pourra peut être vous être utile un jour face à un molosse : On affirme communément que pour faire reculer un chien agressif il faut le regarder dans les yeux. Détrompez-vous cela risque au contraire de déclencher l’attaque. Les deux choses à éviter sont : 1 – Le fixer, il prend cela pour un défi. 2 – Courir, il vous prend pour du gibier.
Alors faisons comme les chiens, agissons avec modération tant dans nos paroles que dans nos gestes ou comme d’autres animaux qui pour protéger leurs petits, écarter le danger ou pour attirer une proie font semblant d’être affaiblis, blessés ou en état d’infériorité. Si nous sommes confrontés à un adversaire décidé, sûr de lui et de surcroît fort physiquement baissons les yeux et offrons lui une image des plus pitoyable : « Mais non je ne veux pas me battre ! Je ne vous ai rien fait ! Pitié, Laissez moi tranquille ! …etc… . Et plus votre comportement misérable et soumis mettra votre agresseur en confiance, plus votre attitude pitoyable le convaincra de sa supériorité, plus il aura l’impression que vous cédez à ces menaces et plus vous aurez de chance de trouver une faille, l’ouverture ou l’erreur qui vous permettra de vous dégager ou de vous en défaire.
Lorsque l’agression est prévisible car visiblement manifestée, il suffit parfois d’un parole apaisante, d’une attitude aimable et bienveillante pour faire baisser la tension et de neutraliser l’animosité de l’agresseur. Mais vous ne devez jamais perdre de vue que l’attaque peut se déclencher à n’importe quel moment et que vous risquez toujours d‘être surpris par sa soudaineté. Aussi il faut toujours tenir vos bras et vos mains de telle manière que vous puissiez parer ou frapper rapidement.
Il est bien clair que quelques propos orduriers, quelques insultes, quelques insanités lancés à votre égard ne méritent pas un affrontement dont on est jamais certain de l’issue. Mais si le choc devient incontournable, s’il n’existe plus aucune porte de sortie alors, et alors seulement, il faut se lancer dans la confrontation avec détermination (Kimé), avec l’instinct de survie et sans se soucier des conséquences. Ici la notion de contrôle se réduira à son plus simple effet et aspect.
Dans les arts martiaux la notion de contrôle n’est en rien comparable à celle imposée dans les compétitions sportives ou, à l’entraînement, dans les assauts conventionnels c’est-à-dire « ne pas toucher son partenaire ». Ici il faut juste savoir, en fonction des circonstances, réduire quelque peu la portée d’une technique, Atémi, strangulation, ou luxation, afin que ses effets ou conséquences ne soient pas irrémédiables.
bonjour,
beaucoup de regrets, de ce que devient le karaté dans une région comme Nancy, les valeurs et la philosophie des arts martiaux n’existe plus, c’est la course aux dan.
je vous regrette franchement maître Gruss. Y.A