Article Républicain Lorrain : faire vivre l’après Gilbert
Un an après la disparition de son maître et fondateur, l’Ecole de karaté Gilbert Gruss perpétue la mémoire et les enseignements du senseï. Mais tout ne coule pas de source. Il a aussi fallu se réorganiser.
La façade défraîchie du numéro 71 semble figée dans le temps tout comme le souvenir de celui qui fut le maître incontesté des lieux. Malgré son absence, Gilbert Gruss a laissé une empreinte indélébile sur cette école de la rue de Verdun. Celle où tout a commencé, dans les années 70, alors que le senseï était au firmament d’une carrière respectable.
Un an après sa disparition, l’Ecole de karaté Gilbert Gruss continue de vivre au rythme des enseignements du maître.
« On essaye d’être fidèle à ce qu’il nous a enseigné et à ce qu’il était. On lui doit bien cela », glisse Claudine Vierling, ceinture noire 4e dan, et instructrice historique de la maison. Celle qui a toujours voulu rester dans l’ombre a affronté, par la force des choses, un héritage qui la dépasse parfois.
« Ce n’est pas évident tous les jours. On fait ce qu’on peut. On a redécouvert des choses dont il s’occupait personnellement, sur le plan administratif », plaide la discrète qui jongle entre les cours de karaté enfants, ceux de taï-chi et désormais une vaste paperasserie.
A ses côtés, c’est toute une famille sportive qui s’est serré les coudes. « Nous nous étions déjà réorganisés à partir du moment où Gilbert ne pouvait plus assurer les cours en raison de sa maladie. »
Désormais, Marc Taris, ceinture noire 5e dan aux yeux de la fédération européenne, est passé responsable technique. En tout, huit élèves gradés assurent les multiples cours. L’épouse de Gilbert Gruss est restée présidente du comité de l’association.
« Le plus important, c’est que les élèves restent ; qu’ils trouvent ici une âme », poursuit Claudine. Elle n’a pas définitivement tiré le trait, « mais on dépasse encore les trois cents inscrits cette année », avec une majorité d’enfants.
Il y a aussi eu des arrivées providentielles, comme celle de Francis Gruss, cousin de Gilbert. Lui n’y connaît pas grand-chose au karaté, mais depuis qu’il est à la retraite, il a plongé dans l’informatique de la maison histoire d’y mettre un peu d’ordre. « Je n’ai pas de légitimité sur cette école mais j’ai du temps. Alors j’aide comme je peux. »
Au hasard des classements de papiers, « j’ai retrouvé des notes que prenait Gilbert. Il avait quelque chose, c’est vrai. Il réfléchissait beaucoup, sur lui-même et sur la vie ».
Aux murs du dojo historique, Claudine a tenu à afficher quelques-unes de ces réflexions dont le senseï avait le secret.
« Je crois que c’est important que des jeunes lisent des choses comme ça. »
Des textes où il est question de sagesse, d’humilité et de grandeur d’âme.